Le débit, un "tabac-buvette" en 1937.
Notre grand-père paternel Amand travaillait toute la semaine dans les caves de teintureries des Ets. Paul et Jean Tiberghien, rue de Paris à Tourcoing, toujours en bleus de travail, les sabots aux pieds pour se préserver du froid et de l'humidité.
Il attendait le Dimanche pour s'habiller, costume trois pièces et chemise sur mesure ( pas de grands magasins de confectionneurs à l'époque), il mettait sa belle montre a gousset, sa belle cravate, ses souliers bien cirés et son canotier. A son revers les petits rubans des médailles militaires, prenait sa canne et allait " au débit".
Ce débit, c'était un grand café qui faisait le coin de la rue d'Alsace où il habitait et la rue de Paris où il travaillait, on y buvait, jouait aux cartes, aux dés, on pouvait même y "retenir" des journaux et autres magazines de "lectures" pour dames.
Le dimanche midi c'était l'apero, ça discutait ferme, pas de femmes, du moins pas encore, seulement celles qui venaient retirer Madrigal, Bonnes soirées, les veillées des chaumières ou autres Nous Deux et Confidences. On y achetait des billets de la loterie nationale, du tabac, des cubes de petit gris, et des cartes postales.
Vers les cinq heures, mon Grand-père allait faire sa partie de cartes, avec ses voisins, camarades de travail ou de jardinage ouvrier. Puis, vers sept heures il rentrait chez lui, à l'autre bout de la rue.
Il était content, il connaissait bien les buralistes, un couple avec leur fils René.
Plus tard, dans les années 50, nous les enfants, on allait chercher les journaux ou le tabac chez "René et Paul du débit". René, se tenait souvent sur le pas de la porte du café revêtu de sa grande blouse blanche... je n'ai jamais su leur nom de famille.
Ma grand-mère et ma tante Malou les fréquentaient beaucoup, ils étaient voisins en quelquesorte, ma tante allait y lire Detective que son père ne voulait pas lui acheter !
De temps en temps, ils se "visitaient" en amis, plus en clients, et allaient "boire une tasse" de ce café noir et fumant que l'on passait doucement a travers la "chaussette".
Que de souvenirs !
selma cayol