Usines détruites, la fin d'une époque.
Lorsque j'étais gamine, les usines faisaient partie de notre environnement, il y en avait partout. Plusieurs fois par jour, a heures fixes les "sirènes" appelaient ouvriers et employés au travail.
Le quartier, comme beaucoup d'autres, vivait au rythme des usines, je sais il y régnait une sorte de paternalisme, mais a cette époque, les patrons logaient leurs ouvriers très décemment (mes grands parents avait une maison qui dépendait de l'usine et qu'ensuite ils ont acheté pour une somme très raisonnable), mais il y avait beaucoup de travail, et pas encore de multinationale ni d'actionnaires voraces indifférents au sort des ouvriers.
A 4 heures du matin, des cars entiers amenaient les travailleurs venant du Pas-de-Calais et de Belgique.
Les usines P & J Tiberghien.
Elles tournaient 24 heures sur 24. Elles produisaient les plus beaux fils pour le tissage des draperies, des fils a tricoter connus dans le monde entier , des bas "nylon" dont les riches clientes de chez Christian Dior ignoraient même qu'ils avaient été fait à Tourcoing, dans les vastes ateliers de Jules de Surmont !
Puis un jour, la Chine et autres pays des rivages méditerranéens nous ont fait concurrence avec des textiles bon marché et une main d'oeuvre sous-payée, et une a une les usines ont été fermées, détruites laissant les quartiers en "terrain vague", plus de sirènes, "elles se sont tues" comme disait Maxence Van der Merssch, émouvant et réaliste écrivain du Nord.
http://www.maxencevandermeersch.fr/
Destruction de l'usine Masurel, rue de Wailly.
Les cheminées ne fumaient plus et furent abattues, la dernière est tombée dans un grand cri de douleur.
Destruction de l'usine Tiberghien et "abattage" de la dernière cheminée.
Telle est la rançon d'un soi-disant grand marché international qui ne fait que détruire et appauvrir les gens.
selma cayol